Türkbükü, le village du pêcheur
Nouvelle poétique
Türkbükü, le village du pêcheur
Préambule :
« Deux mois en Nouvelle Calédonie. Le rêve ! La brousse m'ouvrait grand les bras, quand l'agence mit la clef sous la porte, emportant tous mes espoirs de voyage.
Après quelques larmes écoulées, je me suis dirigée vers le premier comptoir venu : « s'il vous plaît ! Là tout de suite, il vous reste un billet vers où pour un mini budget !? » Et te voilà, belle Turquie !
Dans toute ta splendeur, tu t'offres à moi petite européenne. Prête pour le départ ?! Dans un mois, c'est promis... »
Novembre !
Quelle idée pour un voyage.
L'avion a du retard,
Il est six heures du soir
Quand ses roues touchent le sol.
Izmir tout le monde descend !
Une petite française
Partie au hasard de sa vie.
Un sac à dos pourri, léger.
Une sacoche plus lourde,
D'un instrument tendre.
Elle, jamais sans lui,
Lui, jamais sans elle.
Ils sont raccords.
Meilleurs amis se sont-ils dits ?
Et l'engagement fut pris,
De ceux indéfectibles.
Plus fort que le genre humain,
Y'a pas ?
Si !
Il y a l'accordéâme...
Trouver le change
De quelques monnaies,
Trouver le bus pour Bodrum :
Izmir Bodrum deux cents kilomètres.
Et après ? Trouver la navette !
Bodrum Türkbükü dix-sept kilomètres
D'une route montagneuse.
Une rangée pour les Hommes,
Une rangée pour les femmes.
Le chauffeur me place au bon endroit,
Mon regard ne se détourne pas.
Pas question d'heurter les us et coutumes
De ce pays qui m'accueille, même tardivement.
Je suis une femme,
Européenne peut-être ?
Mais une femme quand même !
Bodrum.
Il fait nuit noire
Quand tu me reçois
Sur ton territoire.
Je ne connais rien de toi.
Du bus, à peine descendue,
Une flopée d'humains
Se jette sur moi.
A qui mon sac à dos ?
A qui ma sacoche ?
Je n'ai plus rien !
Vide de mes mains,
Je suis dépossédée
De mon accordéâme…
Taxi taxi piaille piaille
Taxi taxi piaille piaille
Fatiguée, seule,
Par terre je m'assieds.
Mal au cœur,
Mal au corps,
Pleure pleure...
Je ne sais plus quoi penser,
Aveuglée par mes larmes,
Désespérée.
Puis,
L'étoile me traverse l'esprit.
« Regarde les étoiles !
Regarde s'il y a des étoiles ? »
Ma tête se relève et,
Des étoiles il y en a !
Il y a un demi cercle d'homme,
À me regarder pleurer.
Et là, ma sacoche !
Celle qui…
Tendre la main…
Il me la donne.
Et là, je le délivre
Celui qui…
Dis, tu veux bien jouer pour eux !?
Tendre soufflet au cœur des hommes,
De la fatigue naît la magie,
D'un petit airs en harmonie,
L'accordéon parle aux étoiles
et de ses notes, naît,
L'accord des âmes...
L'instant est
VIE
Puis,
Pas de navette pour Türkbükü,
L'heure est passée,
Je suis perdue.
C'est à quel sujet ?
J'ai cinq taxis à disposition,
Tous prêts à m'embarquer
Librement, gratuitement.
Tant que je joue
Au firmament...
Je le sais,
Je le sens en l'instant,
Ça s'imprime directement
Dans mon cerveau lent :
Tant que je jouerai
De l'accordéâme,
Il ne m'arrivera rien…
Il est minuit,
Dans mon taco taxi,
Quand j'arrive sans bruit
À Türkbükü sans vie.
Et, c'est à coup de klaxon
Que l'aubergîte est réveillé.
Et, c'est émerveillé
Que je découvre
Le regard noir
Du tavernier.
Bienvenue à Türkbükü !
Le village du pêcheur…
Sara do
Postambule :
SaraDo@MarcBinninger2008
Ils arrivent parfois que les mots des uns déclenchent les mots des autres... c'est le cas pour Türkbükü, village du pêcheur. Il est né de ma rencontre avec les mots de Phil Baron en lisant Titiritero, d'un bord à l'autre. Je dois dire que le personnage principal, joue du plus bel instrument de musique qui soit au monde, un accordéon diatonique.
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