Refuge
Il est venu de nulle part
bouche cousue
Silencieux, il restait
perdu, en suspension
dans l'attente d'une ouverture
une aurore tendue vers l'azur
Laisse la porte ouverte
ne pense pas à demain
Dans l'heure, il fait bon
se reposer un peu
ne baisse pas les yeux
regarde droit devant
une larme coule sur ta joue
elle nourrit ta terre arride
Une cruche ne saurait suffire
à rafraîchir tes souvenirs
un peu de pain, si tout va bien
un peu de vin dans ton chagrin
Il est venu de nulle part
sur le chemin de sa nuit noire
les bombes tombaient dessus les toits
les armes n'étaient pas égales
impossible de livrer combat
de résister face à l'effroi
Laisse la porte ouverte
pense à ce qui n'est plus
Dans l'heure, il fait mal
se reposer un peu
les enfants hagards dans les rues
les mères sur le sol étendues
Les pays voisins se sont tus
La Terre des Hommes a disparu
Une cruche ne saurait suffire
à rafraîchir tes souvenirs
un grand festin pour oublier
un peu de vin et tout va bien...
A celui qui n'est pas mort en chemin
qui a marché des heures entières
pour arriver seul survivant
à la limite de nos frontières
A celui qui est resté
durant des mois, des années
dans un camp de réfugiés
sans eau, sans électricité
Et, qui peut-être
je dis bien peut-être
trouvera sa place quelque part
pour enfin pleurer tous les siens,
ceux qui sont restés là-bas
Pour que leurs âmes s'unissent,
qu'ils puissent à nouveau se parler
au coeur de leur silence...
Sara Do
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 196 autres membres