Sara Do en TerraGalice

Les illusions perdues / Les illusions perdurent...


Les illusions perdues

Les illusions perdurent...

 

 



Sara Do, 20 ans, par une artiste de la Butte,

si elle se reconnaît je mettrai son nom avec bonheur.

 

 

Ce matin dialogue de sourd. La pluie en goutte à goutte dans mes veines égaille son eau de vie. Je suis là, épars, ondes qui dansent au silence de mes nuits.

 


J'ai 6 ans. Plus tard je serai trapéziste. Oui, tout là haut ! Tout en haut  de la piste aux étoiles..., bleue, la toile du dôme en ciel de vie.

 

Dis, je serais trapéziste, tout là haut, encore plus haut. J'atteindrai les étoiles filantes, je crèverai les sanglots de ma désespérance et je chasserai le vent de l'ennui. Je parlerai aux oiseaux en partance vers l'au-delà et ils porterons tous mes maux au bon Dieu. Je jonglerai sur le fil tendu de ma folie, je touillerai le chaudron magique, j'en aurais des maux de vie à pleuvoir en clownerie. Chut, tais-toi donc ! Le cirque ce n'est pas  un métier. Rêve, rêve, je te garde au coeur de mes silences. Le cirque, c'est mes larmes.



Dis qu'est-ce que tu veux faire plus tard !? je veux être trapéziste, je monterai tout là haut, tout en haut, encore plus haut et personne ne pourra m'atteindre. Je frôlerai le mur du son pour qu'il détonne en déraison. Je toucherai le mur du silence pour qu'il s'effrite en lamentation et de la poussière d'enfance naîtra le souffle d'un ange.


Et pis, un accord'léon ! Je veux un accord'léon géant pour jouer sur mon trapèze volant et m'enivrer de ses notes d'émouvance. Quel beau soufflet à  votre indifférence.


Dis, qu'est-ce que tu veux jouer comme instrument !? Je  veux jouer de l'accord'léon qui sent bon la musique et des touches  mécaniques, paravent de ma peur. Mais tu nais pas assez douée pour ça, tu ne sais pas lire, ni écrire, alors le solfège pour un accord'léon ?


 
A l'heure de la jonction, de celle où il faut s'orienter, définir le tri-angle, la vision du bon angle. Mais 15 ans, c'est trop tôt ! C'est le début de la fin et la faim du début. Le début de quoi !?  De l'indécision en décision, Il faut choisir. "ON" le fera pour toi.


 
- Madame votre fille est douée, elle a le pinceau qui respire en  couleurs. Elle a un pot-en-ciel artiste tic... La peinture, elle voudrait bien, qui sait !?  Elle pourrait intégrer une classe préparatoire, peut-être même le concours des Beaux Arts à 16 ans, qu'en pensez-vous !? - Ce n'est pas un métier, dans la vie on ne fait rien avec des pinceaux. C'est elle qui vous a dit de m'en parler ?


Non, non, ce n'est pas moi. Dites surtout que ce n'est pas moi. Dans ma classe dépotoir, on ne parle pas.


Et plus jamais tu ne toucheras un pinceau !


A 16 ans, dehors. Elle est partie barrer loin dans sa tête.


A 18 ans, 3 petits tours et puits sans fond. Chut ! Mime le clown ne dit rien. Il est serein sous ses dehors, il est blanc le décor. Quelques tours de piste en rue et jeux de places publiques, en blues  trottoirs.  Et jongle le corps au coeur du silence et la ronde imaginaire s'invente...


A 23 ans, la rencontre. L'accordéâme... Cocodéon s'enflamme au bout du bout de ses doigts. S'il te plaît, apprivoise-moi !?


Lui, son ami, sa folie effet mer, son soufflet do de sol, en ré de mi  respire et souffle en fa de vie. Folklore au corps et ballade à une étoile s'ensuivent...

 

Allez bandonéonne, petite étoile d'accordéonne. Elle t'aime toi, comme personne. T'es le plus beau, t'es le plus grand, t'es le plus fort. 

 


Aujourd'hui elle est jongleuse de mots ! elle balance à tout vent ses m'eaux de vie au passant, à l'enfant, à la mer, au soleil, à la terre, à la lune et surtout, surtout aux étoiles... Car de tout temps son corps s'est fait piste aux étoiles, avec sa boite à rythme et ses notes de musique en perles fines, gouttes d'eau, pluie diluvienne...


 
Aujourd'hui elle peint la toile de ses mots et ses rêves s'étoilent à l'infini, tout au début de la fin, la faim du début, tout au début de l'aube à l'infini... Demain, c'est l'aujourd'hui d'hier...


Elle danse en deux ou trois mouvements, elle valse d'abondance, elle chaloupe en son corps saltimbanque, elle  balance ses envies à tout vent. Elle envoie valdinguer la vague à l'âme de ses tourments... C'est fini, bien fini.

 


Aujourd'hui, elle vit ce qu'elle vit. Elle est ce qu'elle dit...
 

 

Les illusions perdurent.


En VIE.

 

 

 

Sara Do 



08/12/2010
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