La vendeuse de panier
A cause ou grâce à ... Un panier de bonheur, contre un panier de malheur...
La vendeuse de panier
Nigli par. Ricardo
En fait, personne ne savait rien d'elle.
Les gens se posaient beaucoup de questions et les réponses semblaient aléatoires, selon le bon vouloir des uns et des autres.
Mais dans le fond, personne ne savait rien d'elle.
Elle était là dans le paysage depuis tellement longtemps.
Elle n'avait pas d'âge.
Elle vivait hors du temps.
Parfois, elle souriait. Parfois, elle pleurait, aussi.
Le plus souvent, seules ses rides semblaient mots-dire.
Les rides de toute une vie. Les rides, ça parle aussi.
Chemin faisant, l'heure était à l'ouvrage.
Elle travaillait tout le temps. Elle faisait de jolis paniers tressés avec ses doigts de fée. Le jonc semblait s'assouplir, se tordre, se redresser, s’affaisser à nouveau sans un craquement dans l'air. Seul, le silence semblait respirer l'air alourdi par un soleil de plomb.
Sur le marché du village, sa place était réservée. La même, depuis toujours. Du plus loin qu'on s'en souvienne, elle avait toujours été là, droite dans sa robe de bure. Elle n'était pas nonne, non, et encore moins grenouille de bénitier. Le curé se méfiait d'elle et de son aura qu'il pensait maléfique. Surtout ne point maudire sur elle... sait-on jamais ?
En fait, personne ne savait rien d'elle.
Elle soignait, comme elle tressait ses paniers.
La nuit tombée, d'un mal à l'autre, elle prenait tous les malheurs confiés pour en faire des petits riens. Au jour levé, elle respirait de tout son être et filait le parfait amour sur un métier qu'elle chérissait de tout son coeur. Contre un panier de malheur, elle vendait un panier de bonheur.
En fait, personne ne savait rien d'elle.
Les gens se posaient beaucoup de questions et les réponses, je m'en moquais bien. Je voulais juste vous parler d'elle, belle d'âme passante. Elle est en moi, elle est en vous. Depuis la nuit des temps, elle vaque ici, là et ailleurs.
Aujourd'hui, elle m'a dit - Viens !
Alors, j'ai laissé reposer tous mes petits papiers de mots d'hiver, pour lui faire toute la place. Je me suis mise à tresser un joli panier avec les brindilles trouvées dans mon jardin. Une fois celui-ci fignolé, je l'ai rempli de mes petits papiers de vers.
Elle m'a dit - Voilà, tu es guérie !
Personne ne pourra plus jamais t'atteindre, car tu sais tresser toi aussi, les maux des uns, avec les maux des autres, pour en faire des mots bonheur.
Ton panier est rempli de tous tes mots-coeur, de toutes tes notes de vie...
Voilà, tu es guérie !
Demain, toi aussi, tu seras sur la place du marché et tu donneras tes vers luisants aux passants. Toi aussi, tu récolteras leurs mots-dits maux et tu en feras de l'eaux de vie, coulant de source au cœur des Hommes.
- Demain sera et toi, tu vivras !
Ils diront - en fait, personne ne savait rien d'elle.
Elle écrivait des mots dits vers qui s'aiment,
contre des maux d'hiver en thème.
Sara Do
22 juin 2014
Merci à Ricardo, tes dessins, qui vont parfaitement avec cette petite histoire hors du temps. site : http://v.ricardo.free.fr/index.php
Amitié étoilée 🌟
Sara Do - auto portrait
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