Sara Do en TerraGalice

Fragment 4 : Histoire d'elle

Réalisé dans le cadre d'une démarche d'approche clinique :


" Histoire de vie en formation "

Université Paris VIII - 1991-92

Département Sciences de l'éducation

Fragment d'histoire d'Elle


 
Essai  IV 

 

 

 

La forge à caractère…

 

 

 

 

 

Sait-t-elle que ces différents placements lui sauvent la vie !?  ... !

Non mais ça va pas ta tête !

 

Au marché à la criée, il est quatre heures du matin ! La marchande de poisson est motivée pour attirer le chaland :

 

" - Qui veut des cauchemars sans fin ? C'est le rêve, ça poche sous les yeux et ça peut conter gros !

- Qui veut un lac immensément grand ? C'est le pied pour couler à pic au cœur du silence !

Allez messieurs dames...

- Qui veut des ongles rongés à sang ? C'est des doigts de  fée qui saignent pour nourrir les cœurs blessés !

- Qui veut des accidents corporels ? C'est idéal pour prendre soin de soi et pas aller en classe !

Allez, allez mesdames et messieurs ! Allez, qui en veut !?

Moi ! Moi ! J'en veux un plein des sens  ! Comme ça, on me soignera...

 

- Allez, mesdames et messieurs ! Aujourd'hui c'est fête ! j'ajoute une dose de somnambulisme et une peur du noir extrême et un cauchemar ou deux en plus... C'est gratuit ! Allez, qui en veut !? ... "

 

On dit grâce ou à cause ? 

A chacun sa vision  des signes de reconnaissance ! En attendant un nouveau mot fait son apparition "Ô miracle !" Comme par l'opération du Saint Esprit psychologue, il descendît du ciel, enveloppé d'un son nouveau, tout neuf, tout beau.

CARACTERIELLE !  Hou la, la... Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ça !? Ha mais c'est un cadeau ! Enfin un cadeau...

 

Décidément la chance est au rendez-vous des abonnés absents. M'enfin, c'est quoi caractérielle ? Ca mange quoi ? Du tranxène, du valium, du gardénal... Effet sagesse garanti !

 

Attends, je t'explique : - un té li gen teu + tur bu len teu = ka raq té riel leu !  hé hé ça finit encore par le même son...

 

Trois mots incompréhensibles et pourtant signes d'une évolution certaines...

Et 0 + 0 = ça fait toujours la tête à toto !

 

Où sont mes billes !? Je veux mes billes pour le dire à mon arbre.

Isabeille sans soucis apparents déambule, marche sur un fil, tel un funambule et défile le cours de sa vie... Un retour en famille vient réveiller la monotonie et souffle un air de fête. L'absence rend sa présence égayante ! Ne rien dire, ne pas pleurer, tout va bien. Tu sais bien tout va bien ...

 

La collectivité aidant à ne pas avoir de place, on peut toujours devenir un semblant de petite fille. L'éducation est un "Art" réservé aux adultes qui connaissent "Tout" de la vie. Ils oublient simplement la "Vie" et ne garde que leur "Tout". Ca oblige à faire semblant.

 

Quant à l' "Art",  il a l'art de s'harmoniser en noir et blanc. "Elle" s'habille de gris en attendant... "Elle" n'est pas en-vie ... Chut ! Même pas mal.

Comment des gens inspirés par la prière, le recueillement intérieur, loin des lumières de la ville... Comment peuvent-ils donner en-vie de vivre à une enfant !?

 

Vie ! Celle qui donne le droit de saule pleureur, de crier, de courir comme une folle dans tous les sens et de s'éclater de rire... Celle du "a-voir en-vie"

Désirer, se faire plaisir... C'est quoi ces mots !

Quel est le nom de cet apprentissage qui n'apprend rien d'autre que se taire, pleureur en silence, rire et parler posément sans crier. L'anti expression même de l'être, de ses sens. Même la prière et le chant deviennent insipides...

 

"Elle" n'était qu'une enfant. Une enfant sans défense. Morte à l'extérieur, si pleine de vie à l'intérieur. Cette vie "sur-vie" était là plus forte... Un vent soufflant, un soleil brûlant sous les paupières et une pluie si fine capable de s'infiltrer au plus profond des racines. Bois ma fille bois... force-toi à t'abreuver malgré cet étouffement...

La mort n'a pas voulu d' "Elle" sans Isabeille.

 

"Elle", il y a comme un cri d'amour en elle. C'est le cri des jours fériés, le bruit d'un carnaval, d'une cour des miracles avec pleins de mendiants prêts à s'émouvoir... A t'émouvoir... Guérir les bleus de l'âme...

 

Prisonnière malgré elle, seul son imaginaire, ses araignées, ses rêveries lui permettent une évasion cyclique.

Apprendre comprendre surprendre... Attends ça va venir, patience. En attendant tu dois haïr tout ce qui n'est pas blanc nuptial. Savoir que l'amitié trop forte est synonyme de mœurs bizarres, qu'il faut avoir peur des hommes... Et, qu'écrire de la main gauche est signe du diable qui est en toi...

 

"Diable en main diable en main... personne pour me donner la main..."

A qui la faute ? A la faute ! Ta faute ! Si ce n'est pas toi c'est donc ton frère, tu sais bien...

"Elle" est suffisamment chargée en poids lourds pour faire avec. S'extraire de cet univers pour s'apprendre, se comprendre, se surprendre de son propre regard est mission impossible...

De l'autorité à la violence il n'y a qu'un pas infime à franchir pour qui n'en a pas conscience.

"Elle" a fait le choix du silence parce qu'elle n'avait pas le choix.  Après la révolte, se taire sous terre... Le choix des morts vivants, du mur d'indifférence... La marchande d'illusion à son panier médicalisé pour rendre la  petite fille bien sage. Ouvre la bouche ! tranxène valium tranxène valium... et, un petit gardénal pour digérer le tout ça.

Chut ! Même pas mal.

 

Soeur Marie (elles s'appellent toutes Marie quelque chose) :

"- Isabeille à quoi penses-tu !?

"Elle" - A rien...

Soeur marie - Cela n'existe pas de penser à rien, tu feras ta prière pour que le Seigneur te vienne en aide...

"Elle" - Oui ma soeur... "

Quel rapport peut-il y avoir entre le fait de ne penser à rien et le Seigneur !? (des années plus tard : Sarthe, le diable et le bon Dieu. Sourire en coin)

 

Si le fait de ne penser à rien le désoblige, il devrait nous remplir la cervelle d'idées saines, puisqu'il est "tout puissant". Quelle incompréhension ! Cela doit être un secret tellement grand qu'il n'y a que Dieu pour le découvrir. Je ne suis pas Dieu...

 

Dans ses rêves "Elle" essaye d'établir le contact avec ses sens, mais le réveille face au réel est trop dur. "Elle" ne sait pas que la vie de ses rêves est normale, nécessaire à son équilibre psychique pour apaiser ses tourments.

 

"Maman maman, c'est tout ce que j'ai ma préférence, mon port d'attache sans lequel je me noie. Maman maman la mer calme de mon désespoir..."

 

Et "Elle" se noie.

Prudence, appelez-là "Elle" pour qu'elle puisse vivre. Il n'y a pas une marge d'erreur possible...

Silence en peur. Chut ! en corps... Même pas mal.

 

 

Fin du début de l'essai...

 

Sara Do

 

A Pétronille, merci pour le partage. 



08/12/2010
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