Sara Do en TerraGalice

Au coeur du silence

4h30 - lundi 27 mai 2024

 

 

 

Au coeur du silence

 

 

 

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Ebauche...

 

Au coeur du silence,

là, où tout est inspirant.

 

 

Le silence est d’or, n’est-il pas ?

Parfois, il fait un boucan d’enfer.

 

 

À chacun sa résonance,

le silence me suffit.

 

 

Le silence permet d’aller plus loin,

en profondeur, au-delà de soi-même.

 

 

 

Silence 

 

Partir. Pour aller où ? Parfois, il suffit d’une seconde d’inattention. Une seconde sans réfléchir. Elle appuie sur le bouton « enter ».  Le billet de train est réservé. La date fixée à la hâte, entre deux-week-end. Voyage inespéré, après 15 ans d’absence.

 

La connaissant, elle est capable de ne pas se réveiller à temps pour partir, ou encore de rester coincée sur le quai de la gare. Même ça elle en est capable. Et pourtant, la boule au ventre, elle est partie.

 

Ce trajet parait interminable. Elle a 3 heures pour comprendre qu’elle est en route ; pas en chemin, pas encore. Le train a toujours eu un effet spécial sur elle. Dans une autre vie, elle a dû être cheminote. A travers la vitre, elle voit le paysage bien réel sur lequel vient défiler ses images mentales, qu’elle lit sans comprendre. Ne plus penser, ne plus rêver, ne plus... Plus.

 

Dans son sac, le minimum requis, en prévision d’un temps de chien. C’est Madame Météo qui l’a dit - froid, pluie, orage. Elle a pris son cahier et son crayon de bois. On ne sait jamais ! Si les mots lui venaient. L’accordéâme, lui, est privé de sortie. Pourtant, c’est son meilleur ami, sa folie douce, son endormisseur de chagrin. Il ne jouera pas ses notes de vie.

 

L’arrivée. La gare proche du centre ville, il n’y a plus qu’à faire les 400 mètres pour arriver jusqu'à son lieu d’hébergement.

 

 

 

Silence 

 

Le studio. Perché au-dessus d’un escalier en colimaçon , il s’ouvre sur une belle pièce à vivre. Un salon et son coin cuisine aménagée. Une porte s’ouvre sur la chambre spacieuse. Une autre porte et la salle de bain s’invite dans un décor kitsch à souhait. Un endroit fait pour s’isoler. 

 

Juste à côté, un petit commerce de proximité l’invite à prévoir de quoi ce restaurer sur les 5 jours à venir. Elle profite de cette fin d’après-midi pour faire ses emplettes.

 

Demain. Partir à l’aventure sans savoir ou ce chemin la mènera. 

 

 

Silence

 

Jour 1. Elle se lève, prends un petit déjeuner léger, puis décide de faire ses premier pas vacanciers. Après 500 mètres de marche, elle rejoins le chemin douanier et chemine tranquillement en faisant attention à ne pas aller trop vite. Cela fait tellement longtemps qu’elle s’est mise entre parenthèse, qu’elle s’est absentée d’elle-même, qu’elle n’a pas bougé son corps... Cela fait tellement longtemps qu’elle n’a pas poser ses pieds sur un chemin de terre, sur un rocher, sur une plage, une crique... Allez ! Pour une reprise, 5  kilomètres suffiront pour aujourd’hui. Elle sent déjà en elle les prémices d’un chant nouveau. Elle sait qu’il va venir lui chatouiller les cordes vocales. Ce qu’elle ne sait pas encore, c’est que ce chant va sortir des profondeurs de son âme, qu’il va la cueillir et lui dire ce qu’elle ne sait pas encore, ce qu’elle a oublié.

 

 

 

Silence 

 

Elle sourit entre deux alarmes, le coeur vacillant.

Au début, avec son cahier et son crayon de bois, elle fait semblant. Elle griffonne, balance des mots. Ces mots qu’elle aime tant, qui lui sont essentiels ; ces mots diamants d’eau de vie. Mais les mots se taisent, ils ne veulent pas parler. Elle doit poser son cahier et son crayon de bois. Elle sait que ce qui est à venir passera par le son de sa voix et, que par conséquence, la voie choisie sera prédominante.

 

Jour 2. Même scénario que le jour 1. Elle se lève, mais se sent pousser des ailes. Elle veut aller plus loin. Plus loin que quoi  ? Elle ne le sait pas encore, mais elle y va ! Elle voit le chemin douanier se remplir d’ombres multiples. Les cris d’enfants ne la gênent pas. Ils sont tellement essentiels à la vie. Elle supporte moins les bonjours des uns et des autres. Elle répond mécaniquement, histoire de... Mais, elle sait déjà que demain, elle prendra un autre chemin.

En ce jour numéro deux, elle tentes les 10 kms, sans savoir si sont corps va tenir la route. Elle a déjà mal du peu d’hier.

 

 

Jour 3.  Elle commence à sentir quelque chose d’étrange monter en elle. Quelque chose de douloureux, enfoui au plus profond d’elle-même. Elle décide de court-circuiter le chemin douanier pour éviter la foule des vacanciers. Pour ce faire, elle descend sur la plage et se dirige vers les rochers. Elle observe le terrain montant, descendant en se demandant s’il est possible de continuer sur cette voie sans prendre de risque inutile. Elle décide de tenter sa chance.

La marée est descendante, cela devrait lui permettre de passer d’une crique à l’autre sans difficulté majeure. Ses pieds dérapent, elle n’a plus l’habitude de crapahuter de la sorte. Elle doit réviser son approche du rocher. En attendant, elle avance un pas, l’un après l’autre et ne relâche pas son attention. Au fond d’elle-même elle sent que quelque chose la travailler, un peu comme une urgence, comme un noeud qui doit être défait.

 

Ne pas réfléchir, avancer quoiqu’il arrive, laisser déraper ses pieds, s’écorcher les genoux... Elle n’est pas en état de solidité.  Elle est seule et peut tout se permettre.

 

 

Silence


C’était où déjà ? Pornic, si près et tellement loin.

Là-bas, c’est un combat. Elle respire, embrasse la mer, en prend plein les yeux. Elle marche. Comment est-ce possible ? Après tout ce temps passé sans elle, elle marche. Un pas l’un après l’autre sur le chemin douanier. Elle marche, 5 kilomètres, 10 kilomètres... Mais, ce n’est pas assez.

 

Il y a trop de gens. Elle ne veut voir personne. Elle ne veut pas parler, pas faire semblant. Elle veut être seule face à elle-même. Mais qui est-elle ?

 

 

Silence en corps

 

Et, les rochers là-bas ! Comment on marche sur les rochers  déjà ? C’est tellement loin dans son corps, comment peut-il se souvenir ? Alors, d’un rocher à l’autre, elle s’accroche, s’écorche. Puis, elle se souvient, « Respire, prends ton temps, observe le relief, les interstices qui forment un escalier naturel et grimpe ! ».

 

Elle s’inspire de ces retrouvailles ; ça fait mal, mais elle continue, 10, 15 kilomètres et pour finir, 20 kilomètres le dernier jour. Elle est à bout. Elle est au bout de quelque chose de bien plus fort qu’elle. ça crie, ça pleure à l’intérieur. Elle a peur. Peur de ne pas gérer, de ne pas maîtriser et si elle n’en revenait pas ?

 

Le soir. D’où vient-il celui-là ? 

 

 

Silence

 

Pour ne pas s’enlarmer inutilement, elle écrivit,

«  Le silence est d’or, n’est-il pas ? Parfois, il fait un boucan d’enfer. À chacun sa résonance, ton silence me suffit. Il m’a permis d’aller plus loin en profondeur, au-delà de moi-même. J’avance. Merci » 

 

Ces quelques mots lui parurent futiles, comme étrangers à elle-même. Elle ne savait plus comment ils lui étaient venus. Peut-être que si, dans le fond, elle savait ? C’est une histoire sans histoire, sans protagoniste. La mémoire en sourdine, ne garder que l’effet mer.

 

 

La suite bientôt...

 

La suite, y’en a pas ! C’était couru d’avance. La mémoire en sourdine, ne plus penser. Laisser la vie avancer toute seule. Trop de peurs ancrées, trop de souvenirs éveillés, qui refusent le silence... à fleur de peau. La douleur. Les cauchemars de nuit comme de jour. Ce froid en corps, qui dure, qui dure. Ne plus penser.

 

Est-ce que c’était mieux avant ? Pornic. Est-ce une bonne chose se réveil matin, ou vallait-il mieux rester enterrée vivante à jamais ?

La vie, c’est simple et c’est tellement compliquée. Simple quand on veut bien s’ouvrir au monde qui nous entoure. Compliquée, quand on s’empêche de sourire à la vie.

 

Mais sourire, elle sait faire. C’est même tout ce qu’elle sait faire, sourire. A un moment donné, il ne reste plus que ça, sourire. Un jour elle a écrit « Au bout du bout de la souffrance, il ne reste plus qu’à sourire », et c’est vrai. Elle raison. Sourire pour ne pas mourir. Être là sans être là vraiment. Authentique, oui, bien sûr ! Elle ne sait pas être autrement. Mais à quel prix ?

 

Et puis, un jour trouver les mots qu’il faut. Parler à nouveau et comprendre qu’il ne sert à rien de tout vouloir comprendre. Comprendre qu’il n’y a pas toujours une réponse à ses questions.

 

L’attente. Attendre. Parfois, il ne sert à rien d’attendre. L’autre n’a pas forcément de réponse à apporter. C’est comme ça. Accepter et passer à autre chose. Voilà. C’est dit.

Tranquillement, elle passa à autre chose. Un sourire illumina son visage, et, dans son regard, des étoiles.

 



27/05/2024
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