2004 - Si Santiago l'a dit, je ne discute pas ! Sara
Si Santiago l’a dit, je ne discute pas !
De quoi as-tu besoin ?
Quelle est ta phrase tous les matins,
depuis ton retour de Santiago ?
Prends juste ce dont tu as besoin
Et pour le reste donne, donne...
Santiago, le seul endroit qui t'a mise à genoux.
Le seul endroit qui t'a fait plier,
toucher le sol sans t'ensevelir,
tellement tu étais fière et solitaire,
enfermée en toi-même,
avec cette rage de vivre,
ce mal indéfinissable.
Santiago, la délivrance.
Le droit de vivre normalement,
de sentir ton corps sans avoir mal,
de recevoir la lumière à nouveau.
Et le Cap Finistère.
Rappelle-toi Fisterra.
La seule plage au monde qui t’a reçue
sur les genoux encore et encore.
La seule plage au monde à avoir vu ton âme
sans fioriture, ni parjure.
Juste toi, en face de toi et personne d'autre.
Et ces larmes de joie qui s'écoulent dans la mer.
Et ce rire qui se perd au vent du large.
Et ce hurlement de vie, à réveiller les morts.
Fisterra, la liberté du bout du monde.
Le droit à cette expression, la plus totale,
la liberté d'être.
A t'asperger d'eau comme au premier baptême.
A genoux et oui, à genoux.
Laisse faire ma fille, laisse faire,
Les rois du monde sont avec toi...
Et ces mains dans le sable,
ces doigts qui s'improvisent,
ce petit point dur qui se cale sous ta main droite.
Soulève ma fille, soulève...
Une toute petite coquille saint Jacques,
toute rose et blanche,
comme si elle venait de naître.
Une petite chose fragile, comme toi.
Rappelle-toi la lumière,
les pieds dans l'eau,
à genoux dans la mer,
les mains tendues vers le ciel,
priant Marie, saint Jacques et enfin, Dieu.
Le remercier, lui rendre grâce pour être arrivée là,
toute seule, comme une grande.
Mais non, pas toute seule, tu sais bien !
Et Jérusalem qui s'infiltre dans ta tête depuis Estaing.
La Croix de Fer à Foncebadon, Jérusalem, Jérusalem...
Et toute cette marche en devenir,
ce calme intérieur qui grandit,
cet amour de la vie et des Hommes…
Cabo Fisterra, la Croix de saint Jacques,
juste derrière le phare, face à la mer…
Tu iras à Jérusalem, tu écriras, tu témoigneras.
Comme une évidence, Jérusalem, Jérusalem…
Et, la foi s'ancre en toi.
De quoi as-tu besoin ?
Quelle est ta phrase tous les matins,
depuis ton retour de Santiago ?
Prends juste ce dont tu as besoin
et pour le reste donne et, reçois...
Tant que c'est ce que tu veux,
que tu n'imposes rien à l'autre.
Que tu ne t'imposes rien à toi même,
qui ne te soit nécessaire, en toute circonstance.
Et plus jamais tu n'auras peur de ta peur.
Rappelle-toi, Santiago !
Si Santiago l'a dit, je ne discute pas,
j'irai à Jérusalem !
Sara Do
Publié dans le journal de Sablé
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